Histoires de mots - 6 juillet 2015 - 2 min

Festival de pâtes

Déguster un bon plat de pâtes sur une terrasse par une belle soirée d’été fait partie des plaisirs de la vie. Et si on les saupoudre d’une pincée d’étymologie, elles n’en sont que plus délicieuses. Le menu du mois vous propose les mots macaroni, spaghetti et carbonara. L’évidence de leur origine italienne cache en fait une histoire insoupçonnée. Buon appetito !

macaroni

Le mot macaroni provient d’un mot dialectal méridional, maccaroni (maccarone au singulier), dont le correspondant en italien standard est maccheroni. Le mot italien désignait originalement divers types de pâtes, et ce sens général se retrouve encore dans plusieurs dialectes italiens. En grec moderne, on appelle d’ailleurs makaronia les pâtes en général. Outre son acception de ‘pâtes alimentaires’, maccaroni aurait désigné auparavant du pain bouilli, ce qui pourrait faire remonter le mot au grec byzantin makaria ‘aliment à base d’orge’. Parmi les autres explications avancées pour l’origine de maccaroni, on note le plat sicilien appelé maccu, constitué de fèves bouillies, parfois accompagnées de pâtes, dont le nom dériverait du latin tardif maccare ‘broyer’.

Le mot macaroni fait d’abord son entrée en français sous sa variante francisée macaron. Empruntée dès le milieu du XVIe siècle, elle avait le sens actuel de ‘gâteau rond’, mais aussi celui de ‘pâtes alimentaires’, perdu depuis au profit de la variante italienne. Au moment et au lieu de l’emprunt, le mot d’origine avait peut-être un sens proche de celui de ‘gnocchis’, pâtes de forme arrondie. Par analogie de forme, macaron a acquis en français moderne le sens de ‘natte de cheveux enroulée’ ainsi que de ‘insigne rond’, lequel a fait l’objet d’une recommandation au Québec pour remplacer l’anglicisme badge. La variante italienne macaroni, quant à elle, a pénétré en français à la fin du XVIIe siècle et n’a pas changé de sens depuis.

spaghetti

Malgré la grande popularité des spaghettis, leur origine est encore débattue. On attribue souvent leur paternité à la Chine par l’intermédiaire de Marco Polo. Il est vrai que les vermicelles y sont connus depuis une lointaine époque, mais les plats de vermicelles auraient existé en Italie bien avant les pérégrinations du voyageur italien.

L’origine du mot désignant ces pâtes est en revanche beaucoup plus claire.Spaghetti est le pluriel de spaghetto, lui-même un diminutif de spago signifiant ‘ficelle’, ce qui fait de spaghettini, terme utilisé pour des pâtes plus fines que les spaghettis, un double diminutif (par l’ajout du suffixe -in-). Spago remonterait au latin tardif spacus, de même sens, probablement emprunté au grec sphakos, désignant une espèce de mousse filamenteuse croissant sur les arbres, beaucoup moins appétissante que son descendant étymologique.

carbonara

La version moderne des spaghettis à la carbonara aurait été préparée à Rome à la fin de la Seconde Guerre mondiale à partir d’un plat local, appelé cacio e ova ‘fromage et œufs’, composé de pâtes, de fromage, d’œufs, et assaisonné de poivre noir. Les troupes nord-américaines stationnées dans la région auraient eu l’habitude de demander d’y ajouter du guanciale (viande de joue de porc) ou de la pancetta (viande de poitrine de porc) pour satisfaire leur penchant pour le bacon. Les Romains auraient adopté cette nouvelle variante et les Nord-Américains l’auraient diffusée chez eux, y ajoutant de la crème et remplaçant la charcuterie italienne par du « vrai » bacon…

Tout comme le plat qu’elle désigne, l’appellation spaghetti alla carbonara est romaine. De fait, cette expression, qui signifie littéralement ‘spaghettis à la charbonnière’, se dirait spaghetti alla carbonaia en italien standard. Parmi les innombrables explications de son origine, on retient la plus simple : le poivre noir dont on saupoudre les pâtes et qui contraste avec la couleur claire des autres ingrédients aurait rappelé la poudre de charbon.

Cet article a été concocté par
les linguistes d’Antidote

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