Points de langue - 2 février 2004 - 2 min

Quel symbole pour le litre ?

Un lecteur nous écrit :

Je suis pharmacien. Au quotidien, l’abréviation du litre est utilisée de façon courante dans nos communications. Devons-nous utiliser « L », « l » ou le symbole qui ressemble à un « l » cursif ? Selon nous, le symbole qui ressemble au « l » cursif n’a plus sa place. Toutefois, le débat fait rage entre « L » et « l ».

Cette question revient régulièrement. Les règles d’écriture des unités et symboles du Système international (SI) sont établies par la Conférence générale des poids et mesures (CGPM). Bien que le litre ne soit pas, au sens strict, une unité du Système international, c’est une unité qui lui est étroitement associée. Voici le texte officiel de la plus récente résolution de la CGPM relative au litre :

16e CGPM, 1979, Résolution 6 : symboles du litre
La Seizième Conférence générale des poids et mesures,
reconnaissant les principes généraux adoptés pour l’écriture des symboles des unités dans la Résolution 7 de la 9e Conférence générale des poids mesures (1948),
considérant que le symbole l pour l’unité litre a été adopté par le Comité international des poids et mesures en 1879 et confirmé dans cette même résolution de 1948,
considérant aussi que, afin d’éviter un risque de confusion entre la lettre l et le chiffre 1, plusieurs pays* ont adopté le symbole L au lieu de l pour l’unité litre,
considérant que le nom litre, bien qu’il ne soit pas** inclus dans le Système international d’unités, doit être admis pour l’usage général avec ce Système,
décide, à titre exceptionnel, d’adopter les deux symboles l et L comme symboles utilisables pour l’unité litre,
considérant en outre que dans l’avenir un seul des deux symboles devrait être retenu,
invite le Comité international des poids et mesures à suivre le développement de l’usage des deux symboles et à donner à la 18e Conférence générale des poids et mesures son avis sur la possibilité de supprimer l’un d’eux.***


* Notamment le gouvernement américain (département du Commerce).
** L’unité SI de volume est le mètre cube (m3) ; en 1964 le litre a été redéfini comme valant exactement un décimètre cube, soit un millième de mètre cube. Avant cette date, le litre était défini comme le volume d’un kilogramme d’eau et différait du décimètre cube d’environ 28 millionièmes.
*** Onze ans, plus tard, en 1990, ce Comité international estimait encore prématuré de choisir un symbole unique pour le litre.

Depuis 1979, la CGPM donne donc le choix entre les deux symboles l et L et considère cette coexistence comme temporaire, en attendant de se prononcer définitivement en faveur de l’un ou de l’autre. Le symbole L a pour lui l’avantage pratique d’un moins grand risque de confusion avec le chiffre 1. Le symbole l a pour sa part l’avantage de la cohérence avec les principes d’écriture des symboles du SI. En effet, l’un de ces principes veut que seuls les symboles d’unités dont le nom dérive d’un nom propre prennent la majuscule. Par exemple, W est le symbole du watt, unité nommée en l’honneur de l’ingénieur écossais James Watt. Quant au mot litre, il dérive d’un nom commun grec et non pas d’un nom de personne, même si des plaisantins se sont amusés à justifier la majuscule du symbole L en répandant le canular de l’existence d’un savant français appelé Claude Émile Jean-Baptiste Litre, qui aurait vécu au xviiie siècle et dont le nom aurait été donné à l’unité. Un grand homme de science… fiction !

Au Canada, y a-t-il un symbole à privilégier entre l et L ? Les gouvernements canadien et québécois suivent les décisions de la CGPM et admettent donc les deux. L’on recommande quand même de préférer la forme l chaque fois qu’il n’y a pas risque de confusion avec le chiffre 1. Voir à ce sujet la note de la fiche « litre » du Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.

Quant au symbole l minuscule cursif (script, bouclé), il serait officiellement interdit au Canada depuis 1981. Le l cursif est aussi déconseillé aux États-Unis, comme en fait foi cette note du National Institute of Standards and Technology (NIST) :

although both l and L are internationally accepted symbols for the liter, to avoid this risk the preferred symbol for use in the United States is L. Neither a lowercase script letter l nor an uppercase script letter L are approved symbols for the liter.

Conclusion

Les symboles l et L sont tous deux admis pour le litre. Le logiciel Antidote les reconnait tous deux. Les précisions ci-dessus devraient aider le rédacteur à faire un choix éclairé entre les deux possibilités. 

Cet article a été concocté par
les linguistes d’Antidote

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