Points de langue - 7 décembre 2009 - 2 min

Un des ou l’un des ?

Une dame qui nous écrit hésite entre ces deux tournures :

La nouvelle conception de la piscine centrale du navire est une des nombreuses améliorations de notre programme.
La nouvelle conception de la piscine centrale du navire est l’une des nombreuses améliorations de notre programme.

Y a-t-il une règle qui gouverne le choix entre une des et l’une des ?

Dans une construction de ce type, le mot un(e) est un pronom indéfini. Il est suivi d’un complément introduit par la préposition de ou par le déterminant contracté des, qui correspond à de les. Ce complément désigne un ensemble d’éléments (dans notre exemple, les nombreuses améliorations) dont le pronom un singularise un représentant. Quant au petit mot l’, il s’agit de la forme élidée du déterminant le (ou la), qui se rapporte audit pronom. Alors, ce petit mot l’ est-il obligatoire, facultatif ou interdit ?

En règle générale, il est facultatif : on peut employer indifféremment un(e) de(s) ou l’un(e) de(s). Les deux tournures de notre phrase sont donc correctes. Cela dit, relevons certains critères et tendances qui peuvent guider notre choix.

L’un(e) de(s) est préférable à un(e) de(s).

  • De façon générale, dans un registre de langue qui se veut soutenu.

  • Quand cela permet d’éviter un hiatus (suite de deux voyelles phonétiques). Le cas se présente notamment après ces mots : et, ou, , qui, quoi, si.

    Prévenez-moi si un des parents doit s’absenter. (si un : hiatus)
    Prévenez-moi si l’un des parents doit s’absenter. (préférable)

  • Devant les pronoms personnels pluriels nous, vous, eux et elles.

  • En tête de phrase.

    L’un des témoins a raconté ce qu’il a vu.

  • Il est obligatoire dans quelques expressions figées où il est question de deux éléments et où il y a inversion, le complément étant placé devant le pronom. La plus courante de ces expressions est de deux choses l’une, qui annonce une alternative.

    De deux choses l’une : ou bien il vaincra, ou bien il mourra.
    De deux jours l’un, elle allait au village. (= un jour sur deux)

À l’inverse, un(e) de(s) est préférable à l’un(e) de(s).

  • Quand cela permet d’éviter une allitération (répétition d’une même consonne).

    Il nous révèle l’un de ses secrets. (‑le l’un : allitération)
    Il nous révèle un de ses secrets. (préférable)

    Cela demeure vrai dans les cas présentant un hiatus. Cet hiatus est un moindre mal que l’allitération.

    J’ai lu l’un de ses romans. (lu l’un : allitération)
    J’ai lu un de ses romans. (lu un : hiatus, mais préférable)

  • Quand le complément commençant par de(s) est repris par le pronom en, le déterminant l’ est interdit.

    De ces trois candidates, nous en élirons une.
    Nous en élirons une, de ces trois candidates.

  • Quand un(e) est suivi de seul(e), le déterminant l’ est interdit.

    Nous élirons une seule de ces trois candidates.
    Pas un seul des candidats ne répond aux exigences.

(L’)un(e) de(s)… qui : accord du verbe

Indépendamment de l’emploi ou non du déterminant l’, signalons en terminant que les phrases de ce type peuvent parfois causer des hésitations d’accord du verbe lorsque le complément de l’un est suivi d’une proposition relative. Le plus souvent, cette relative se rattache logiquement au complément :

C’est (l’)un des romanciers qui ont marqué le siècle.

Dans cet exemple, la personne dont on parle fait partie de l’ensemble des romanciers qui ont marqué le siècle. La proposition relative qui ont marqué le siècle se rattache au nom romanciers : le verbe ont marqué s’accorde donc au pluriel. Cela dit, on rencontrera parfois des auteurs qui, apparemment à l’encontre de la logique, accorderont le verbe au singulier pour insister sur la singularité, sur la particularité :

C’est (l’)un des romanciers qui a marqué le siècle.

Dans d’autres cas, la relative se rattache bel et bien logiquement à (l’)un(e). L’accord se fait alors en conséquence :

C’est (l’)une des favorites qui a été élue.

Dans cet exemple, la personne dont on parle fait partie de l’ensemble des favorites, mais c’est uniquement elle qui a été élue. La proposition relative qui a été élue se rattache au pronom (l’)une : le verbe a été élue s’accorde donc au singulier.

Cet article a été concocté par
les linguistes d’Antidote

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