Histoires de mots - 4 juillet 2011 - 2 min

Vague de chaleur

Comme chaque année, avec l’été arrive la chaleur. Nous profitons de l’occasion pour vous offrir un petit cocktail sur ce thème en espérant vous rafraichir. Vous verrez que cette chaleur, qui peut être accablante, peut parfois faire du bien puisque cette histoire de mots se termine par un câlin !

canicule

Ce n’est pas parce que le mot latin canicula signifiait ‘petite chienne’ qu’il faut penser que, pendant une canicule, il fait un temps de chien ! En vérité, le nom de canicula a été attribué dès le latin classique à Sirius, étoile principale de la constellation du Grand Chien. À l’époque de l’année où le lever et le coucher de cette étoile coïncidaient avec ceux du Soleil, les périodes de grandes chaleurs étaient fréquentes. Donc, par métonymie, le mot canicule, emprunté par le moyen français, a pris le sens actuel de ‘période de grande chaleur’.

chaloir, nonchalant, achaler, chaland, achalandé

Le verbe latin calere signifiait proprement ‘être chaud’, sens qu’on retrouve jusqu’en moyen français chez son descendant chaloir. Son sens figuré, quant à lui, s’est maintenu jusqu’en français moderne. Il s’agit du sens ‘éprouver une vive émotion’, qui fait son apparition dès le latin classique et qui a évolué en ‘intéresser’ ou ‘inquiéter’ au début de l’ancien français. Même si chaloir n’a plus cours aujourd’hui, sauf dans la locution peu m’en chaut, on retrouve encore le sens ‘inquiéter’ chez son dérivé nonchalant (signifiant à l’origine ‘qui ne s’inquiète de rien’) et chez son parent québécois achaler ‘importuner’.

L’adjectif achalandé, quant à lui, procède du sens ‘intéresser’. En effet, puisqu’un client est une personne intéressée, on disait de lui qu’il était un « chalant » (participe présent de chaloir). Au début du moyen français, on forma à partir de sa variante chaland l’adjectif achalandé, qui signifiait à l’origine ‘fréquenté par des clients’. Le verbe correspondant est apparu un siècle et demi plus tard, mais est demeuré plus rare que l’adjectif. Avec l’usure du temps, le sens originel a fini par évacuer la notion de « client » pour ne plus signifier que ‘fréquenté’, emploi maintenant vieilli, sauf au Québec. Par ailleurs, étant donné qu’un magasin bien fourni en marchandises attire davantage de clients, un sens ‘approvisionné en marchandises’ est apparu au XXe siècle. Malgré les critiques des puristes, il s’agit du seul sens généralement connu en Europe, quoiqu’il commence à vieillir à son tour.

câliner, câlin

La chaleur rend indolent, c’est pourquoi le normand caliner, dérivé du nom caline ‘chaleur accablante’, évoque le repos des bêtes à l’ombre pour se protéger d’une grande chaleur. Le nom remonte directement au latin populaire calina, dérivé de calere comme chaland. Il est passé en français classique sous la forme (se)câliner ‘être indolent’. Et, quand on ne fait rien, on a du temps pour se cajoler, d’où le sens français moderne; à moins que ce soit la chaleur qui rende chaleureux... L’accent circonflexe sur le a n’est pas étymologiquement motivé. Il transcrit probablement la prononciation postérieure du _a _dans cette position en normand.

Le nom dérivé câlin possède d’abord le sens ‘personne nonchalante et sotte’ en français classique avant d’acquérir celui de ‘personne cajoleuse ou qui aime être cajolée’ au XIXe siècle. C’est à cette époque qu’est répertorié l’adjectif correspondant de même sens. Au XXe siècle, l’expression faire câlin ‘cajoler’ fait son apparition. Après la réinterprétation probable de l’adjectif en nom, l’expression devient faire un câlin.


Le contenu de nos Histoires de mots est tiré des notices étymologiques du dictionnaire historique d’Antidote 8.

Cet article a été concocté par
les linguistes d’Antidote

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