Points de langue - 2 septembre 2002 - 2 min

Webmaster, webmestre et autres

Le mot anglais webmaster désigne la personne qui a la responsabilité de la création ou de la maintenance d’un site Web (ou d’un serveur) et qui assure éventuellement la mise à jour de son contenu. Le mot est parfois utilisé tel quel en français, mais plusieurs équivalents français ont été créés, avec des fortunes diverses.

Trois équivalents ont fait l’objet de recommandations officielles : webmestre, administrateur de site et administrateur de serveur. Le premier, attesté depuis au moins 1996, a été recommandé par l’Office québécois de la langue française en 1998 ; les deux autres l’ont été l’année suivante par la Commission générale de terminologie et de néologie de France.

L’équivalent webmestre a l’avantage d’être bref et épicène (un/une webmestre). On pourrait lui reprocher d’être moins précis et moins français que les deux autres, étant composé de l’emprunt anglais web (« toile d’araignée ») et de la finale -⁠mestre, calque de master formé par analogie avec les mots français bourgmestre (premier magistrat des communes belges) et vaguemestre (sous-officier chargé de la poste).

Certains traduisent même webmaster par vaguemestre, mais on voit mal le rapport entre le travail d’un webmaster et celui d’un vaguemestre. Ce dernier est un sous-officier qui s’occupe du courrier ; or la tâche d’un webmaster n’est pas de gérer le courrier électronique (ce qui est la fonction du postmaster ou, en français, du maitre de poste), mais de créer ou d’entretenir un site Web, un peu comme on entretient un site touristique ou comme on administre une ville. De ce point de vue, le rapprochement avec bourgmestre se justifierait un peu mieux.

L’élément -⁠master de webmaster est parfois traduit en français. En naviguant dans le cyberespace, on croisera ainsi quelques webmaîtres.

On pourrait vouloir traduire aussi l’élément web-. En effet, le Web est souvent appelé la toile (d’araignée) mondiale ou tout simplement la Toile (avec ou sans majuscule). Une traduction de webmaster qui va dans ce sens est maitre toilier. Son usage reste assez limité, peut-être parce que le nom toilier désigne déjà celui qui fabrique ou vend de la toile.

Une autre traduction intéressante est metteur en Toile, avec le verbe correspondant mettre en Toile et le nom mise en Toile. Cette série s’inspire de metteur en page et metteur en scène. Car un webmaster est bien quelqu’un qui s’occupe de « mise en page » électronique des informations, puis de leur « mise en ligne » ou « mise en scène » sur la Toile mondiale, ainsi que de leur « mise à jour ». On obtient un mot composé bien français, avec l’élément Toile et l’élément metteur, qui est, par un heureux hasard, phonétiquement et graphiquement voisin de master. Il n’y a aucun lien étymologique ou sémantique entre master et metteur, mais ce dernier mot, associé à en Toile, décrit bien la fonction du webmaster.

Il la décrit mieux, en fait, car il faut remarquer que le terme anglais webmaster est plutôt mal choisi, puisqu’il signifie mot à mot « maitre de la Toile ». Or, le webmaster n’est en fait maitre que de son propre site, alors que la Toile est un réseau de millions de sites indépendants. C’est pourquoi certains anglophones préfèrent employer le terme sitemaster, et certains francophones font de même en utilisant sitemestre. Mais ces deux termes restent assez peu répandus.

Conclusion

Les traductions françaises proposées pour webmaster ne manquent pas, et une sélection naturelle devrait s’opérer avec le temps. Actuellement, c’est webmestre qui jouit de la faveur des internautes francophones. C’est pourquoi webmestre a la préférence de Druide, qui fait figurer ce mot en première place parmi les équivalents proposés par Antidote et qui l’utilise pour son propre… webmestre !

Cet article a été concocté par
les linguistes d’Antidote

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